venerdì 6 aprile 2012

Bossi démissionne, la classe politique italienne frissonne


MONDE Aujourd'hui à 12h32

Bossi démissionne, la classe politique italienne frissonne

Umberto Bossi le 13 novembre 2011 à Rome.
Umberto Bossi le 13 novembre 2011 à Rome. (Photo Stefano Rellandini. Reuters)

En quittant la direction de la Ligue du Nord du fait de son implication dans un scandale, Bossi pourrait déclencher une refonte du paysage politique de la péninsule.

En annonçant jeudi soir sa démission, Umberto Bossi, fondateur de la Ligue du Nord, a fait retentir un coup de tonnerre dans le paysage politique italien en général et dans celui de cette formation populiste, jadis alliée à Silvio Berlusconi, en particulier.
Mis en cause dans un scandale de détournement de fonds, Umberto Bossi a présenté sa «démission irrévocable» du poste de secrétaire général , pour se rabattre sur la fonction purement honorifique et créée pour l'occasion de président.
La chute du «Roi du Nord», met en péril l'avenir de son parti, qui fut pendant plus de dix ans l'allié clé de Silvio Berlusconi, et devrait accélérer la recomposition du paysage politique italien.
En apparence, Umberto Bossi n'est qu'à moitié sorti de scène puisqu'il a démissionné de son poste de secrétaire général de la Ligue et en a été immédiatement nommé président fédéral. Dans la réalité, il a bel et bien pris du champ «pour le bien du parti» qu'il avait fondé il y a plus de 20 ans.
La direction opérationnelle sera assurée jusqu'au prochain congrès, prévu d'ici l'automne, par un trio composé de deux ex-ministres, Roberto Calderoli et Roberto Maroni, et d'une responsable locale, Manuela Dal Lago.

«Cercle magique»

Le «padre padrone» de la Ligue s'est mis en retraite forcée à cause d'un scandale sur l'utilisation par sa famille et ses proches lieutenants - le «Cercle magique» - de financements publics destinés à son parti. Un comble pour un homme politique qui se présentait comme un champion de la lutte anti-corruption.
Selon l'enquête judiciaire ouverte contre l'ex-trésorier du parti Francesco Belsito, le «Cercle magique» puisait dans les caisses pour se payer des vacances, des voitures de luxe, voire les frais de dentiste du plus jeune fils Bossi ou pour financer l'école privée de sa femme.
«Tremblement de terre», «fin de l'ère Bossi», les titres des journaux sont éloquents sur l'impact de la démission d'un personnage haut en couleurs, défenseur à ses débuts d'une indépendance du Nord de l'Italie puis d'une forte autonomie, et adepte des bras d'honneur et insultes à l'adresse de «Rome la Voleuse».
Beaucoup s'attardaient sur les larmes des militants défendant l'intégrité de leur chef, et l'émotion sincère de Bossi, qui a promis de «ne pas abandonner la bataille pour la liberté du Nord».
D'autres faisaient le parallèle avec Berlusconi favorisé lui aussi il y a 15 ans par la disparition des partis ayant dominé l'après-guerre à la suite de l'enquête anti-corruption Mains Propres, et tombé il y a près de cinq mois en pleine tempête sur l'euro.
Surtout les commentateurs soulignaient l'impact de la chute de Bossi pour la droite italienne alors que la Ligue recueille encore près de 8% d'intentions de vote au niveau national et plus de 20% dans ses fiefs de Lombardie ou Vénétie.
«Maintenant la Ligue doit mener une bataille pour sa survie qui concerne tout le monde», a estimé Ezio Mauro, dans Repubblica (gauche) qu'il dirige, en soulignant que «reste le problème énorme de la représentation» des intérêts du Nord.

A qui profitera la démission ?

Tout en pointant ses compromissions lorsqu'il gouvernait avec Berlusconi, tous les politologues reconnaissaient vendredi à Umberto Bossi le mérite d'avoir imposé «la question du Nord».
Au-delà d'une «confuse mythologie pseudoceltique à la limite du racisme» basée sur une «mystérieuse identité padane», Umberto Bossi promettait de «restituer au Nord plus productif une partie des ressources économiques auxquelles il était habitué à renoncer en faveur du Sud» défavorisé, a rappelé Stefano Folli, expert politique du Sole 24 Ore.
Le premier défi de la Ligue sera d'éviter, selon Massimo Franco du Corriere della Sera, «une guerre civile interne pour le contrôle du mouvement» entre les partisans de l'ex-ministre Roberto Maroni, homme fort du «triumvirat» qui remplace provisoirement Umberto Bossi à la tête de la Ligue, et les fidèles du «père fondateur».
D'ici aux législatives du printemps 2013, s'ouvrira en outre une véritable «chasse aux voix de la Ligue», a estimé Massimo Franco, en prédisant que le PDL de Berlusconi et l'Italie des valeurs, mouvement de gauche en rupture avec les partis traditionnels, pourraient être «avantagés».
Même si ce qui se passe dans la Ligue est aussi, selon lui, un ultérieur symptôme de «la décomposition du système politique» italien, avec le risque d'une hausse de l'abstention aux prochains scrutins.
Dans l'immédiat, c'est le gouvernement «technocratique» de Mario Monti qui pourrait bénéficier d'un répit puisqu'au contraire du PDL de Berlusconi, la Ligue s'était lancée dans une opposition frontale à l'ex-commissaire européen qu'Umberto Bossi accusait d'«aider les banques au lieu de s'occuper des pauvres».
(AFP)

Nessun commento:

Posta un commento

noi cani senza lacci ne padroni